EN MARCHE
VERS LE CONVIVIALISME...


Depuis toujours l'homme s'est battu pour obtenir, soit plus de justice, soit plus de liberté.

Au cours des siècles, l'opposition de ces deux tendances sont à la base des grands mouvements politiques.

On était conservateur ou progressiste, de droite ou de gauche, capitaliste ou communiste.

Ces tendances extrêmes engendrent des réactions opposées qui ne peuvent être que violentes tant l'idéologie qui les sous-tend est radicale et souvent même totalitaire.

S'il faut reconnaître aux conservateurs le mérite d'avoir su rester les gardiens d'une certaine tradition, il est indiscutable que le capitalisme et le communisme ont chacun offert, malgré leurs dérives et leurs excès, un regard différent et donc complémentaire du monde dans lequel nous vivons.

Aujourd'hui, le monde a évolué, il est enfin possible de parvenir à plus de justice et plus de liberté.

Le temps des idéologies excluantes n'est plus nécessaire, s'il l'a jamais été. Grâce au progrès technique, l'humanité peut enfin envisager le "CONVIVIALISME".

Il est aujourd'hui possible et souhaitable de considérer "l'étranger" comme un autre "convive" au banquet de la planète, rien que parce qu'il existe.

Celui qui ne pense pas comme moi, qui n'a ni mon histoire, ni mon échelle de valeur, ni même ma langue ou ma couleur de peau, n'est pas nécessairement dangereux pour moi.

Réfléchir en termes de complémentarités qui enrichissent plutôt qu'en termes de différences qui opposent, peut être une piste intéressante pour tous.

Libéraux ou libertaires, réactionnaires ou progressistes, il est temps aujourd'hui de prêter une oreille attentive et tolérante aux discours des autres.

L'heure n'est plus au combat pour la survie. Il n'est plus indispensable de déshabiller Paul pour habiller Pierre.

Le grand soir et les lendemains qui chantent, c'est aujourd'hui, mais nous semblons incapable de gérer cette bénédiction.

Nous vivons dans une société d'abondance avec des règles et des institutions basées sur la rareté et la peur du lendemain.

Paradoxalement notre incurie nous fait agir de manière totalement irresponsable vis-à-vis de tous ceux qui nous succèderont sur la planète.

Nos objectifs se situent à deux niveaux:

- Au niveau interne: nous devons lutter contre nos peurs. Elles seules engendrent notre intolérance, notre intégrisme, notre agressivité et notre refus de la différence.

- Au niveau externe: nous devons être intolérant à l'intolérance, à l'intégrisme, au radicalisme et tenter enfin de concilier les extrêmes et de corriger les déséquilibres majeurs.

Ces déséquilibres, entre le Nord et le Sud, entre les riches et les pauvres, entre les Hommes et les Femmes, entre les êtres humains et la nature doivent être résorbés à brève échéance sous peine que l'humanité ne s'auto-détruise.

Chacun doit surmonter le sentiment d'impuissance qui le paralyse face à l'ampleur et à la diversité des changements à entreprendre.

Construire un imaginaire collectif et partager une vision globale dans un esprit convivial devient le défi majeur de cette fin de siècle.

La "Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l'homme", a soutenu de 1986 à 1993 "le Groupe de Vézelay" , un petit groupe de réflexion sur les défis du XXIe siècle. Ce chemin d'idéation se poursuit sur l'ensemble de la planète.

En 1988 est lancé "l'Appel pour les Etats généraux de la planète" . La réflexion s'est élargie, des contacts internationaux se sont noués et "l'Alliance pour un monde responsable et solidaire" est née soutenue par la fondation.

Capables de penser leur devenir, les hommes et les sociétés humaines sont riches de principes susceptibles de guider leurs choix et leurs décisions.

Formulés en fonction des sensibilités diverses des sociétés qui les portent, quelques principes paraissent une plate-forme commune minimum et peuvent servir de point d'appui essentiel pour une convergence de stratégies concertées.

1) Principe de sauvegarde: les sociétés humaines doivent tendre vers des modes de production et de vie sans prélèvements, déchets et rejets susceptibles de porter atteinte aux équilibres essentiels des milieux locaux ou de la Terre, car si nous en avons l'usufruit actuel, nous n'en sommes pas propriétaires et nous la devons aux générations futures.

2) Principe d'humanité: la possibilité pour chaque être humain de disposer de l'essentiel et d'avoir une vie digne. Le respect, l'équité et la solidarité entre les hommes et entre les sociétés, le respect de la nature et du vivant sont les véritables mesures de l'humanité de l'Humanité.

3) Principe de responsabilité: les individus, les entreprises, les organismes internationaux ont à assumer leurs responsabilités dans la construction d'une harmonie des sociétés et des hommes entre eux et avec leur milieu; ils doivent le faire à la mesure de leur richesse et de leur pouvoir. Les peuples sont co-responsables du destin de l'humanité.



4) Principe de modération: nous devons apprendre à réfréner notre cupidité. Les plus riches, ceux qui sont pris dans le tourbillon du gaspillage, ont à réformer leur mode de vie, modérer leur consommation, apprendre la frugalité.

5) Principe de prudence: les sociétés humaines ne doivent mettre en oeuvre de nouveaux produits ou de nouvelles techniques qu'une fois acquise la capacité d'en maîtriser les risques présents et futurs.

6) Principe de diversité: la diversité des cultures, comme celle des êtres vivants, est un bien commun qu'il est du devoir de tous de préserver. La diversité des civilisations est la meilleure garantie de la capacité de l'humanité à inventer des réponses adaptées à l'infinie diversité des situations, des défis et des milieux. Les ressources génétiques de la planète doivent être protégées, dans le respect des communautés qui les ont jusqu'ici sauvegardées et mises en valeur.

7) Principe de citoyenneté: nous devons apporter notre contribution à l'ensemble et apprendre le respect mutuel, trouver et prendre notre place dans les rapports, les réseaux et les organes de l'immense communauté humaine, ce qui sous-entend autant des devoirs et des responsabilités que des droits.

Face à ceux qui voudraient réduire le monde au seul jeu des intérêts particuliers, des pouvoirs et des marchés, ces quelques principes méritent d'être réaffirmés et de servir effectivement de guide dans l'énoncé des priorités et dans la détermination des stratégies d'action à mettre en place.



J.M. Notermans




Pour plus d'information sur la Fondation:
en Belgique: JMN 124 rue Américaine 1050 Bruxelles
en France: FPH 38 rue Saint Sabin 75011 Paris
Sur Internet: alliance@echo.org


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